Avant de consommer, pensez à téléphoner

De droite à gauche : le Dr Monty Ghosh, addictologue ayant cofondé le NORS avec Rebecca Morris-Miller; Sally Morris-Miller, la mère de Rebecca; Lisa Morris-Miller, P.‑D. G. du NORS et sœur de Rebecca.

Chaque jour, deux personnes en Alberta décèdent d’une surdose de drogue, ce qui surpasse le nombre quotidien de décès attribuables aux accidents de voiture, aux homicides et aux crises cardiaques combinés.

Cette statistique alarmante a amené le Dr Monty Ghosh, interniste et addictologue, à se pencher sur la prévention des surdoses. Ainsi, il a découvert qu’entre 50 et 80 % de l’ensemble des surdoses surviennent lorsqu’une personne consomme seule, habituellement dans un lieu privé comme son domicile ou une chambre d’hôtel. « Ce sont des consommateurs cachés, dit-il, des personnes qui ne fréquentent pas les sites de consommation supervisée à cause de la distance ou de craintes liées à la sécurité ou au risque d’être reconnu. »

Le Dr Ghosh a voulu créer un service pour protéger ces personnes dans des contextes de consommation cachée et à haut risque. C’est un patient à Grande Prairie qui a fait germer cette idée. Quand le Dr Ghosh lui a demandé s’il consommait seul, il a étonnamment répondu « Genre », expliquant qu’il appelait sur FaceTime un ami d’Edmonton au moment de consommer : si l’un d’eux fait une surdose, l’autre peut appeler le 911 et donner l’adresse au répartiteur.

Peu de temps après, le Dr Ghosh a lancé la ligne d’assistance téléphonique National Overdose Response Service (NORS) (en anglais seulement) en partenariat avec Rebecca Morris-Miller, fondatrice d’une ligne téléphonique semblable et d’un centre de services communautaire à Hamilton. L’initiative de lancer le service NORS est née de l’expérience clinique du Dr Ghosh et de l’expérience personnelle de Rebecca Morris-Miller, qui souffrait d’une dépendance lui ayant tragiquement enlevé la vie en 2022, soit deux ans après le lancement du NORS. Sa sœur, Lisa Morris-Miller, dirige maintenant l’organisme, préservant ainsi l’héritage de Rebecca et l’objectif commun d’offrir un soutien vital aux personnes susceptibles de faire une surdose.

Le NORS, une première au Canada, est la seule ligne d’assistance téléphonique pancanadienne dédiée à la prévention des surdoses. Elle met en relation les appelants avec des opérateurs rémunérés qui les surveillent à distance pendant qu’ils consomment de la drogue. Si un appelant semble avoir perdu connaissance, l’opérateur communique avec les services d’urgence pour lui porter secours.

Le Dr Ghosh étudie au moyen du NORS l’efficacité de la supervision virtuelle lors de la consommation de stupéfiants et sa capacité à réduire le nombre de décès par surdose au pays.

Jusqu’à présent, le NORS a reçu plus de 20 000 appels, desquels 170 impliquaient des appelants dont la consommation a mené à une surdose, mais dont aucune n’a mené à un décès. Les trois quarts des appelants sont des femmes ou des personnes transgenres; les hommes, eux, ont plutôt recours aux sites de consommation supervisée. Ce qui a surpris le Dr Ghosh est que les opérateurs offrent du soutien psychologique autant qu’une supervision de la consommation. « C’est parce qu’ils avaient eux-mêmes une dépendance dans le passé, explique-t-il. Le service est opéré par des pairs, des personnes qui ont elles-mêmes eu une dépendance à la drogue, qui savent de quoi elles parlent. Je pense que c’est la clé de la réussite du service. »

Le Dr Ghosh souhaite approfondir ses recherches, mais les résultats obtenus jusqu’à présent l’ont déjà convaincu de l’efficacité des services de supervision à distance.

« J’espère qu’un jour, on rappellera à chaque personne qui quitte un hôpital, un centre de désintoxication ou un centre de traitement de ne pas consommer de drogue seule et qu’on lui donnera le numéro de téléphone d’un service de surveillance des surdoses comme le NORS, dit-il. C’est sa vie qui en dépend. »

En bref

L'enjeu

De 2016 à 2022, le nombre de décès liés aux opioïdes au Canada a bondi de plus de 300 %, augmentant ainsi les dépenses liées aux soins de santé, mettant sous pression les services d’urgence, et causant des répercussions sociales et économiques à long terme. La plupart des décès par surdose surviennent lorsque les personnes consomment seules à la maison, dans leur voiture ou dans leur chambre d’hôtel.

La recherche

Le Dr Monty Ghosh, addictologue et professeur clinique adjoint à l’Université de Calgary et à l’Université de l’Alberta, a cofondé une ligne d’assistance téléphonique dédiée à la prévention des surdoses (en anglais seulement) afin de surveiller les personnes qui consomment seules. Il a collaboré avec des personnes ayant une expérience concrète et d’autres acteurs pour concevoir et mettre en œuvre ces recherches, puis en diffuser les fruits.

Si vous-même ou un proche êtes aux prises avec un problème de consommation de substances psychoactives ou êtes susceptibles de faire une surdose, veuillez appeler ou texter le NORS (en anglais seulement) au 1-888-688-6677.

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